-Néanmoins, les thèmes de JEONG-MIN HA ont déja subi diverses métamorphoses au cours de sa jeune évolution. Aux vues urbaines resserrées et chamarrées de ses débuts, avec leurs facades flanquées d'enseignes et leurs arrière, fonds grillés, à ses architectures citadines tremblées dans la pénombre ; à ses paysages abstractisants peuplés de formes hybrides et de signes en cascade, auxquels font suite des compositions organiques émaillées de têtes isolées, noyées dans les textures de la trame, ou des nudités féminines saisies dans la houle de la matière, quand il ne s'agit de réseaux graphiques délimitant des aménagements floraux, ont désormais succédé d'autres transferts emblématiques.
-D'abord, sur des supports plus dépouillés, s'inscrivent maintenant de mini astres solaires et des poissons volants, des temples simplifiés et des églises superposées en miniature, ou des étendues balayées par des émergences foliacées, semées d'écritures parcheminées en suspens. Puis, vient la dernière période, consacrée à ces fleurs rares et étranges, aux incidences poétiques orientales, les "plum flowers", que le peintre intègre dans ses structures en grisaille, où se rejoignent lyrisme et construction. Ainsi, dans un carré inversé appuyé sur une arête, l'insèrent sur des fonds noirs les "plum flowers", dont la blancheur lumineuse focalise le regard. Autour du carré, dans une fallacieuse liberté, des taches et des bandes voilés en surimpression, mitoyennes de mouchetages et de tissus veinés, dégagent parfois en aval une zone-claire, en renforçant les contrastes, sans jamais altérer l'harmonie de l'ensemble. Une harmonie plus paisible que fiévreuse, qui évite de choir dans le décoratif. Ici, pas de faute de goût ou d'écart stylistique. Tout est juste et mesuré, exécuté simultanément pour le plaisir des yeux et l'appel à la méditation.